Bonjour tout le monde, nous traversons un moment difficile donc j’essaierai d’être bref et d’aller droit au but. La communauté de l’impression 3D est incroyable ! Nous aimons tous résoudre des problèmes et fabriquer des choses non seulement pour nous mais aussi pour les autres. Au cours de ces dernières semaines, nous avons reçu de nombreux messages proposant des modèles de masques, des embouts de ventilateurs ou d’autres dispositifs (dont manquent les hôpitaux à l’heure actuelle) – vous cherchez un moyen de vous rendre utiles face à cette pandémie globale et c’est formidable. La demande mondiale pour ces équipements est tellement énorme, que dans certains pays, même les médecins n’ont pas accès aux masques et aux écrans faciaux, donc ils prennent de grands risques et travaillent sans équipements de protection. Je suis extrêmement fier de toute la communauté de l’impression 3D et je veux vous encourager à poursuivre !

Ici chez Prusa Research nous cherchons aussi un moyen de nous rendre utiles. Nous avons fait de nombreuses recherches et je voulais exprimer quelques inquiétudes concernant l’impression de masques avant d’entrer dans le vif du sujet. Loin de moi l’idée de jeter une ombre sur ce qu’on accomplit actuellement – ce n’est vraiment pas le but, mais l’impression de masques n’est pas une bonne idée à l’heure actuelle

Aucun des modèles disponibles à l’heure actuelle n’a été testé pour voir s’il offre la protection nécessaire, du moins en ce qui concerne ceux dont j’ai connaissance. Pour essayer de résoudre le problème, nous avons essayé de rassembler autant de modèles que possible, et nous travaillons avec des experts pour voir s’il est possible de vérifier lesquels fonctionnent vraiment. Quels sont les critères essentiels ? Tout d’abord, l’étanchéité, ensuite, le système de filtration lui-même, la façon dont le filtre s’adapte au masque, et enfin comment on attache le masque – tout doit être parfait. La plupart d’entre nous imprimons avec des matériaux rigides qui rendent l’étanchéité difficile. Et même si l’étanchéité est bien là, est-ce que cela reste fonctionnel, par exemple, est-ce que le porteur peut parler avec ?

Un autre point qu’il faut prendre en considération, c’est la porosité des pièces imprimées et les problèmes de sécurité qui en découlent. Le porteur va porter le masque sur son visage, une zone humide et chaude, un environnement parfait pour le développement des germes. On en pourra pas stériliser ces masques correctement donc cela pourrait causer encore plus de problèmes. Et l’on sait clairement que le virus peut survivre plus de 48 heures sur le plastique (et même 90 heures, si l’on en croit certaines études). Nous voulons tous aider nos proches et nos familles ce qui signifie qu’on doit prendre toutes les précautions nécessaires pour ne pas les mettre en danger. Si vous tenez absolument à imprimer un masque aujourd’hui, considérez-le comme un masque chirurgical de base, et non pas comme un appareil de filtration qui pourrait apporter toute la protection nécessaire. Une fausse impression de sécurité peut être très dangereuse. Je comprends que vous essayez d’apporter votre aide, mais S’IL VOUS PLAIT partagez cette information dans vos groupes d’impression 3D.

Fabriquer des écrans faciaux par impression 3D

Même si les masques réalisés par impression 3D doivent encore être améliorés, ce la ne veut pas dire que nous ne pouvons pas faire bon usage de notre usine aujourd’hui. Au cours de nos recherches, nous avons essayé de repérer d’autres équipements de protection, que nous pourrions produire en toute sécurité – et celui sur lequel nous nous focalisons est un écran facial de protection pour les personnels médicaux. Il est très important de protéger les personnes qui s’occupent de nous dans les heures les plus sombres. Ces écrans permettent de les protéger au niveau des yeux et du visage lorsque des patients toussent ou éternuent.

En trois jours, nous avons pu passer en revue des douzaines de prototypes, faire deux vérifications auprès du Ministère de la Santé Tchèque et nous avons même rencontré notre ministre de la santé Adam Vojtech. Nous sommes aujourd’hui heureux de vous annoncer que nous avons commencé la fabrication d’un prototype et que les premières unités ont été livrées à l’hôpital pour être testées en situation et être vérifiées. Je souhaite remercier Martin Havrda du Centre Hospitalier Universitaire Vinohrady de Prague qui a pris le temps de nous rencontrer. Ensuite, lorsque ce modèle aura fait ses preuves, nous passerons à la protection de lunettes de protection.

Présentation du prototype au Ministre de la Santé Adam Vojtech

Grâce à notre ferme d’impression 3D, qui est la plus grande du monde avec plus 500 imprimantes 3D, nous sommes capables de produire 800 pièces par jour. Même à ce rythme, la ferme n’est pas utilisée uniquement pour ce projet, seulement 1/5 des imprimantes sont utilisées pour cela car nous sommes bridés par les capacités de notre découpeuse laser qui coupe les visières transparentes. Sans cela nous serions théoriquement en mesure de produire jusqu’à 4000 pièces par jour. Pour l’instant, cela n’affecte pas notre capacité de production habituelle et s’il y a besoin nous pouvons mettre en service encore d’autres imprimantes 3D. Après tout, nous détenons un record mondial avec 1096 imprimantes 3D fonctionnant simultanément, donc la capacité de production ne devrait pas être un problème :-).

La quantité de matériau requise pour fabriquer une unité revient à moins d’1€, sans compter les remises liées aux quantités. Nous avons littéralement trouvé les matériaux à Prague en un après-midi.

Pour commencer, nous avons offert 10 000 unités au Ministère de la Santé Tchèque et nous recherchons à présent davantage de matière première.

Ce modèle peut être imprimé de façon relativement sécurisée par des particuliers après vérification à plus petite échelle pour aider également les communautés locales.

Les pièces d’écran faciaux imprimées dans notre ferme d’impression

J’aimerais ce soit accessible au plus grand nombre aussi vite que possible, dans le monde entier. Si vous avez les moyens et la capacité de le faire, vous pouvezdès à présent commencer à vous préparer, avant même que nous ayons le modèle définitif. C’est le bon moyen pour ajuster les réglages de votre imprimante et de stocker des matières premières de façon à pouvoir commencer l’impression dès que nous publierons les modèles. Je pense que la plupart des laboratoires ouverts auront les outils nécessaires : une imprimante 3D, une découpeuse laser et des ciseaux – c’est tout ce dont vous avez besoin ! Gardez à l’esprit qu’il s’agit du RC1 (version d’évaluation), qui doit encore être vérifié, mais je mettrai cet article à jour régulièrement en y ajoutant nos nouvelles découvertes. Donc mettez cette page en marque-page (je posterai aussi des tweets concernant les mises à jour.) si vous voulez participer.

Sécurité, stérilisation et vérification

Le point crucial concerne la stérilisation de l’environnement de production et des pièces finalisées. La pire chose serait de fabriquer des éléments censés combattre la maladie, qui en fait la répandraient accidentellement.Consultez TOUJOURS un professionnel pour vous assurer que votre installation ou votre production est conforme aux normes et ne soyez pas offensé si les gens se montrent prudents quand vous proposez votre aide. Je ne le répèterai jamais assez, n’aggravez pas les choses et ne compliquez pas la tâche de ceux qui travaillent dur pour nous protéger et soigner les gens qui sont malades.

Gardez à l’esprit que la durée de vie du virus sur la plastique est de 48 à 90 heures et que les plastiques sont difficiles à stériliser après utilisation. Ils sont donc à usage unique, du moins jusqu’à ce que nous ayons trouvé un moyen de stériliser les pièces imprimées !

Voici les précautions que nous prenons (celles-ci s’appliquent également aux autres modèles 3D qui existent) et qui sont en attente de validation – consultez régulièrement cet article pour des mises à jour.

  • Le plastique est chauffé à haute température au cours de l’impression ce qui est relativement efficace en terme de stérilisation de la pièce imprimée, ne laissez pas la pièce sur le plateau d’impression pendant des heures car elle pourrait y eêtre contaminée à nouveau. Portez une nouvelle paire de gants ainsi qu’un masque chirurgical avant de retirer l’impression puis mettez-la directement dans un sachet hermétique. Dans notre ferme, l’air est renouvelé totalement toutes les 2 minutes et il est également filtré, ce qui aide grandement à prévenir tout risque de contamination.
  • Lorsque vous découpez au laser les visières transparentes, laissez le film protecteur afin qu’il puisse être retiré avant l’assemblage et l’utilisation. Cela réduit grandement tout risque de contamination. Par ailleurs, emballez comme un seul lot ce que votre découpeuse laser peut produire en une seule fois. Notre laser peut produire 40 pièces d’un coup, donc lorsque nous ouvrons la machine, nous les récupérons toutes – une fois encore, en changeant de gants et en portant un masque chirurgical. Nous les mettons immédiatement dans un sachet hermétique. Si votre laser ne peut en produire qu’une à la fois, assurez-vous de porter une nouvelle paire de gants pour chaque pièce que vous produisez.
  • Lorsque nous coupons l’élastique, nous portons également des gants ainsi qu’un masque chirurgical. Ne déballez pas plus que ce dont vous avez besoin pour travailler, car le fait de réduire l’exposition à l’air réduit également le risque de contamination.

Les dentistes de la Clinique Astella à Prague ont été parmi les premiers à tester les écrans faciaux en situation réelle

Modèle

Comme je l’ai déjà dit, ce modèle est encore en cours de validation sur le terrain et il sera probablement modifié d »ici quelques jours. Le modèle sera mis à jour de façon appropriée sur PrusaPrinters. Il est dès à présent totalement possible d’en fabriquer un juste pour vous !

Conception du bandeau de l’écran facial

Certains modèles sont disponibles en ligne dès à présent, mais en général ils sont loin d’utiliser la surface d’impression de façon optimale. Nous avons du commencer à imaginer les pièces à partir de rien et nous avons réussi à en disposer 4 sur le plateau de base de l’Original Prusa MK3S, ce qui a grandement amélioré la productivité de la ferme. Nous avons tiré avantage des propriétés du plastique , en concevant une pièce compressé (courbée) ce assure un ajustement optimal au niveau de la tête.

4 pièces disposées sur le plateau d’impression

Par ailleurs nous avons trouvé un tissu élastique avec des trous percés tous les 10 mm au milieu, ce qui aide beaucoup pour l’ajustement. Mais vous pouvez utiliser à peu près n’importe quoi en perçant simplement un trou de 10 mm dans le tissu. Nous avons utilisé un fil chaud pour couper le tissu ce qui évite que les bordures ne s’effilochent, mais des ciseaux ainsi qu’un briquet pour faire fondre les extrémités peuvent également être utilisés. Un gros élastique peut être fixé en faisant un noeud comportant une boucle.

Nous avons pris l’une de nos machines de découpe automatique servant habituellement à fabriquer des gaines pour les câbles de la MK3S et nous l’avons transformée en vue de cette nouvelle tâche

Pour la visière transparente, n’importe quel plastique pouvant être découpé au laser peut être utilisé – nous conseillons une épaisseur entre 0,5 et 1 mm. Les trous sont de la même taille que ceux que peuvent faire les perforatrices de bureau classiques et le plastique peut être coupé à la main avec des ciseaux en utilisant notre modèle comme gabarit. Même le plastique d’une bouteille de 2 litres de forme droite peut être utilisée si vous n’avez aucune autre matière première.

Autres façons de se rendre utile pendant la pandémie grâce à l’impression 3D

Nous avons également lancé un concours de création rapide pour imaginer d’autres modèles pouvant être imprimés 3D. Le principal objectif est de produire rapidement des objets indispensables du quotidien et qui pourraient devenir indisponibles pendant la quarantaine, ou qui pourraient vous éviter un déplacement au magasin avec tous les risques que cela comporte. Des choses que vous pourriez également trouver utiles lorsque la vie reprendra son cours normal.

Une dernière chose. Nous savons qu’il y a des centaines de projets comme le notre dans le monde à l’heure actuelle. Si vous prenez part à l’un d’entre eux, envoyez-nous un e-mail à [email protected] – nous sommes particulièrement intéressés par les modèles qui ont fait leurs preuves (c’est à dire ayant été médicalement approuvés, utilisés sur le terrain, etc…).
Nous serions heureux de partager tous les équipements testés et approuvés sur PrusaPrinters !

C’est tout pour le moment, merci pour votre soutien inconditionnel et l’inspiration que vous nous donnez. Cette communauté est un formidable exemple de ce dont l’humanité est capable lorsque nous travaillons ensemble vers un but commun. Continuez à être géniaux !