La technologie d’impression SLA est généralement la première qui vient à l’esprit lorsque l’on pense à un hobby tel que le modélisme. Bien entendu, il est difficile de rivaliser avec le niveau de détails très fins qui pourrait être obtenu par des imprimantes telles que notre Original Prusa SL1. D’un autre côté, de nombreux passionnés de modélisme sous-estiment ou passent sans doute à côté de la technologie FFF (FDM), soit en se basant sur une expérience passablement obsolète (ce dont les imprimantes FFF bon marché étaient capables il y a 5 ou 8 ans) ou en ayant des attentes irréalistes. Bien sur, la FFF ne peut pas rivaliser directement avec la SLA. Peut importe ce que vous ferez, vous ne pourrez pas obtenir une mitrailleuse, un siège de cockpit ou un moteur radial corrects en 1/72 ou 1/48. Cela veut-il dire que cette technologie est inutile pour les passionnés de modélisme ? Pas du tout !

Si vous prenez un peu de recul, les choses prennent beaucoup plus de sens. Tout d’abord, il y a toutes les applications « indirectes » pour lesquelles il n’est pas important que les lignes de couche soient visibles – des gabarits divers, des pièces pour caissons d’aérographe, des supports de pinceaux, des systèmes de rangement pour les pots de peinture, des socles, des présentoirs, etc… Nous espérons pouvoir aborder toutes ces choses dans des articles à venir.

Mais il est également possible d’utiliser la technologie FFF de différentes manières pour des modèles en eux-même. Parmis toutes les spécialisations diverses, cela attirera probablement le plus les concepteurs de dioramas.

Les désavantages habituels de cette technologie importent assez peu ici, car de nombreux élements du diorama vont être largement post-traités (les gros blocs de terrain) ou sont censés avoir une texture irrégulière de toutes façons (ruines, ponts, bunkers en béton, arbres, etc…). Néanmoins, nous aimerions vous montrer que des éléments de terrain encore plus détaillés sont à la portée des capacités de nos imprimantes Original Prusa i3 ou MINI. Imaginez des meubles à petite échelle, divers élements de végétation (des souches, des cactus…), des statues, des bornes, des calvaires… bon, la liste pourrait s’étendre jusqu’à la fin de l’article 🙂

Au fait, nous avons déjà abordé un sujet similaire en repoussant les limites d’une imprimante FFF dans l’un de nos précédents articles, qui se focalisait sur l’impression de figurines.

Deux conseils importants tirés de cet article valent la peine d’être soulignés :

  • La précision peut être accrue de façon significative en utilisant une buse de diamètre 0,25 mm.
  • De très bons résultats peuvent être obtenus avec de l’ASA. Il est très semblable au styrène, le matériau de base de la plupart des maquettes. Il peut être poncé, gravé ou regravé plus facilement que le PLA. La sous-couche et la peinture « prennent » mieux à sa surface, et le matériau réagit aux colles de modélismes à solvant habituelles.

Mais revenons à nos dioramas. Nous vous présentons un excellent exemple, qui nous a été envoyé par un contributeur externe, Michael Mandau.

Michael est un concepteur de dioramas expérimenté et il vient juste d’acquérir une imprimante Original Prusa i3 MK3S. D’habitude, il met en scène des thèmes militaires assez élaborés. Sa dernière oeuvre, intitulée « La Joie d’une Mère » est tout le contraire : une vignette simple et joyeuse. Il s’agit seulement d’une démonstration de faisabilité pour envisager plus tard des projets plus compliqués. De ce fait, Michael a volontairement voulu faire simple, en utilisant une MK3S « de base » avec les réglages d’usine, une buse de 0,4 mm, et du filament PLA normal. Il n’y a quasiment pas eu besoin de modélisation 3D, tous les objets existent déjà, et ont été téléchargés depuis des bases de données gratuites en ligne.. Plus important encore, aucun post-traitement fastidieux (ponçage) n’a été nécessaire, la scénette a simplement été imprimée et peinte.

Quoi qu’il en soit, voici sans plus tarder un mot de l’auteur lui-même :


La Joie d’une Mère…

L’autre jour, l’un de mes jeunes enfants est rentré précipitamment sans enlever ses bottes sales, laissant derrière lui des traces de boue, à la grande consternation de ma femme. L’idée d’un diorama simple était née ! Après une recherche rapide dans les bases de données disponibles en ligne, j’ai trouvé quelques objets intéressants que j’ai redimensionnés à l’échelle 1:35 grâce à la fonction Échelle de PrusaSlicer. Avec ces modèles sous la main, il était maintenant possible de planifier les choses.

Une section de pièce, présentant déjà une porte et une fenêtre, a été réalisée à l’aide d’une licence étudiant d’Autodesk Inventor. La plupart des autres programmes de modélisation 3D conviendraient. La base fait 15×15 cm. Notez la bordure extérieure légèrement surélevée au niveau du sol.

Le fichier exporté a été ouvert dans PrusaSlicer et préparé pour l’impression. J’ai utilisé le filament PLA qui est fourni avec l’imprimante, avec les réglages suivants : hauteur de couche 0,2 mm, remplissage 10%, aucuns supports. L’impression a duré 11 heures, utilisant environ 150g de filament.

La première tentative a déjà donné un bon résultat. Au début, je voulais aussi peindre l’arrière, mais le résultat était si bon, que je me suis dit qu’il serait intéressant de laisser visible la surface imprimée afin de montrer son origine.

J’ai réussi à trouver quelques meubles gratuits, je les ai redimensionnés au 1:35, et je les ai imprimés avec une hauteur de couche de 0,05 mm. Le résultat était simplement époustouflant. La qualité serait encore meilleure avec une buse de 0,25 mm, mais je voulais démontrer que c’était possible juste avec un équipement de base.

Toutes les autres pièces ont été imprimées et nettoyée du peu de stringing (petits fils) et autres défauts mineurs qu’elles présentaient. Mais d’une façon générale, tout a été laissé en l’état – sans ponçage ni aucun autre traitement.

Le seul élément non-imprimé de grande taille est le personnage féminin qui vient de chez Preiser. C’est un modèle des années 80 plutôt ancien, donc la qualité n’est pas très bonne. J’ai également positionné tous les élements de décor à leurs emplacements supposés, pour voir si les dimensions étaient harmonieuses.

Pour les murs, j’ai utilisé du papier peint pré-imprimé de chez Hobbyworld, mais tout autre papier peint ou peinture feraient l’affaire. Le papier a été coupé en bandes avec une machine à couper le papier.

J’ai collé le papier peint avec de la colle en spray. Afin de ne pas en pulvériser partout, j’ai masqué l’environnement avec du ruban adhésif. Une couche de colle homogène a été pulvérisée sur les deux faces internes.

Les petites bandes de papier peint ont été soigneusement alignées et collées les unes à côté des autres directement sur le mur. Grâce à la machine à découper, les bordures des bandes étaient parfaitement droites.

Pendant que le papier peint séchait, j’ai préparé les pièces pour le sol en bois. Ce sont de simples bâtonnets pour remuer le café, récupérés gratuitement dans un fast food 🙂 Chacun des bâtonnets a été traité avec une brosse métallique pour marquer les lignes du bois, puis coupé à la bonne longueur avec un cutter.

Les planches en bois ont été collées au sol avec de la colle blanche. Notez comment ils s’adaptent à la bordure légèrement surélevée au niveau du sol.

Une fois la colle sèche, le surplus de papier peint a été coupé avec une lame de scalpel neuve. Il a fallu faire attention pour obtenir une découpe propre et nette.

Toutes les autres pièces ont été nettoyées pour les débarasser de quelques marques de graisse puis elles ont été peintes à l’aérographe. J’utilise surtout la peinture AK Interactive Real Colors, mais n’importe quelle peinture acrylique à maquette de qualité fera l’affaire (Gunze, Tamiya, etc…).

Les pièces peintes ont été à nouveau mises en place pour voir si le résultat d’ensemble était satisfaisant et si certaines couleurs devaient être ajustées. C’est incroyable de voir l’effet extraordinaire que peut produire un peu de peinture.

Pour la texture du bois, je préfère utiliser de la peinture à l’huile. Une épaisse couche de peinture a été brossée sur le socle jaune clair, créant volontairement un effet strié avec les poils du pinceau.

J’ai créé de subtiles variations du ton en utilisant différentes teintes de peinture à l’huile. Le seul désavantage, c’est que la peinture à l’huile prend une éternité à sécher – il faut quelques jours pour que la surface soit à peu près touchable. J’ai attendu une semaine avant de pulvériser la couche finale de vernis mat.

Pendant ce temps, j’ai peint le personnage féminin. Pour pouvoir la manipuler plus facilement, j’ai percé un trou dans l’un des pieds et je l’ai collée à un cure-dent. Dans un premier temps, j’ai appliqué une base bleu pâle à l’aérographe…

…puis j’ai réalisé des éclaircissements et des ombres avec des mélanges plus clairs et plus foncés de Pure Blue et Flat White. L’ombrage plus foncé a été pulvérisé sur la figurine par en dessous, tandis que le ton plus clair a été appliqué par le dessus. De cette manière on obtient facilement un effet tridimensionnel.

Les parties qui n’étaient pas censées être bleues, ont alors été peintes au pinceau. Il est préférable d’appliquer 2 ou 3 couches fines qu’une couche épaisse qui va cacher tous les détails.

Une fois encore, j’ai appliqué des peintures à l’huile pour créer des nuances de teintes, des ombres, des éclaircissements, puis j’ai fixé le tout avec une couche de vernis mat appliqué à l’aérographe.

Un « lavis » – un mélange hautement dilué de peinture à l’huile et de white spirit, a été appliqué sur le sol afin de lui donner un aspect plutôt usé. Il a été appliqué à l’aide d’un pinceau souple en faisant attention à ne pas tâcher le papier peint.

J’ai utilisé des jambes que j’ai trouvées parmi mes pièces détachées pour créer des empreintes de pas sales sur le sol. Les semelles ont été peintes avec une couleur émail puis appuyées délicatement sur le sol.

L’assemblage final est l’un des aspects du hobby que je préfère – les nombreuses heures de travail portent leurs fruits. J’ai tout d’abord collé la porte et la fenêtre avec de la superglue.

J’ai préparé quelques décorations, une fois encore, en utilisant des produits pré-imprimés en papier de chez Hobbyworld. Bien entendu, vous pouvez aussi utiliser vos propres modèles et les imprimer vous-même.

Pour créer de « faux » livres sur le meuble, j’ai découpé du carton épais que j’ai peint de différentes couleurs avant de le couper à la bonne taille.

J’ai voulu que la table ait l’air encombrée de plein de petites choses. Les fleurs séchées viennent de chez Joefix.

En faisant preuve de patience, j’ai collé les autres petits « livres » dans le meuble. Je trouve incroyable la différence que peut faire un petit morceau de carton peint.

Enfin, tout a été disposé à sa place La scène prend vie simplement en lui ajoutant de tout petits détails, comme les bûches devant le poêle ou l’arbuste minuscule dans le pot.

Mais il manquait quelque chose… Le titre de cette scène. Un peu ironiquement, j’ai choisi « La joie d’une mère… ». La plaquette a elle aussi été modélisée avec Inventor et imprimée en deux parties avec du PLA. Les lettres ont été peintes avec de la peinture acrylique aussi.

J’ai collé la pancarte avec de l’acétone – de façon étonnante, même si le PLA ne devrait pas ou peu réagir à son contact, le collage était suffisant.

Enfin, j’ai ajouté le personnage féminin, et c’était complètement fini ! Avec un grand sourire, j’ai offert ce diorama à ma femme – à laquelle je dédie ce projet. Avec du recul, je suis plus que satisfait du résultat qu’une imprimante FFF (FDM) de base peut fournir, et j’espère que vous avez trouvé ce petit voyage amusant !

Liens vers les modèles 3D utilisés pour ce diorama : pièce et pancarte, chaise, table, jar/vase, fauteuil, bibliothèque, poêle, porte et fenêtre